Personnalité du mois de la Chambre de Commerce de Windsor. Bernard Gervais : Une porte toujours ouverte sur le monde
Windsor – De Bernard Gervais, ont retient qu’il est de ceux qui parcourent les pays et l’espace avec en tête l’immensité qui s’offre à la compréhension et à l’accomplissement de soi, et des autres aussi. Mais encore faut-il avoir le don et l’intelligence d’assimiler ces petites et grandes choses de la vie qui font en sorte que l’on devient agriculteur, artiste, mécanicien ou constructeur. Le grand patron de Portes Lemieux a l’âme d’un constructeur, mais il a aussi un sens inné des affaires.
Dans le cas de Bernard Gervais, c’est plutôt le fait d’une perception à travers laquelle se manifestent ses capacités à comprendre autant qu’à maîtriser les notions et concepts relevant des mathématiques. Mais sa personnalité et ses actions découlent également d’un amalgame de spiritualité et de philosophie qui ont commencé à surgir alors qu’il était un jeune enfant.
Né en 1953, il a six ans lorsqu’un incendie détruit la ferme familiale. Dès lors, la vie devint moins facile pour ce fils d’agriculteur qui affirme déjà son sens des affaires avec un premier petit « business » de 300 lapins. Il verra d’ailleurs à épauler les membres de la famille par le biais de diverses initiatives et tâches jusqu’à ce que la vie revienne progressivement à la normale.
Avec pour bagage une sixième année, l’enfant devenu adolescent puis jeune adulte devient travailleur saisonnier, ce qui l’amène à parcourir l’Ontario et d’autres provinces canadiennes ainsi que la Floride pour la cueillette du tabac, des oranges et autres récoltes saisonnières. Puis il œuvre durant un an à son compte en réalisant des appliques métallisées (« metal plate ») sur des motocyclettes. L’argent gagné lui permet d’entreprendre ses premiers voyages. « J’étais un hippie à cette époque. C’était la fin des années soixante-dix qui s’ouvrait sur une période à la fois mystique et spirituelle. J’ai découvert l’Amérique centrale, l’Inde, le Népal, le Pakistan et l’Afrique », se rappelle Bernard Gervais.
Habité par la découverte de nouveaux espaces et à des retours vers des lieux significatifs, le jeune homme opte au plan du travail pour ce qu’il préfère : construire. Une association s’établie avec l’un de ses frère qui est architecte. Il continue de cheminer à son propre compte en construisant une ou deux maisons durant la belle saison, ce qui lui permet d’accumuler assez d’argent pour voyager le reste de l’année. C’est durant cette période qu’il achète ses matériaux de construction à l’entreprise de J.E. Lemieux de Windsor, qui a été durant les années 1940 et 1950 l’un des hommes d’affaires les plus prospères de la région windsoroise. « L’entreprise était alors en déclin avec encore une douzaine d’employés, mais l’inventaire et la qualité des matériaux étaient intéressants. M. Lemieux voulait me vendre son entreprise, mais j’ai hésité pendant longtemps jusqu’à ce que je me décide à faire le saut avec la participation de mes deux frères, Daniel et Jean-François. »
À partir de 1979, les trois frères dirigent l’entreprise située à l’angle de la 2e avenue et de la rue Saint-Ambroise, ainsi que celle de La Patrie. À Windsor, le nom du fondateur reste accolé à l’entreprise, mais la production sera progressivement axée vers le marché des portes et des fenêtres. Portes Lemieux refait surface durant les années 1980 jusqu’à ce que deux facteurs affectent le rendement de l’entreprise : la mort subite de Daniel lors d’un accident de la route en 1989 et une mauvaise créance qui, en 1990, sonne l’alarme d’une faillite. « La perte de mon frère a été un moment très difficile. Mon intérêt pour l’entreprise n’était plus la même jusqu’à ce que cette mauvaise créance me force à agir. Tout s’est réglé par téléphone en l’espace de quelques minutes quand un client italo-américain de Détroit m’a fait parvenir un chèque de 350 000 $ pour la fabrication de portes françaises. »
Ce contrat permet à Portes Lemieux d’éviter la faillite et amène Bernard Gervais à modeler une nouvelle étape qui sera essentiellement axée vers le marché américain. Durant les années 1990, l’entreprise atteint un chiffre d’affaires de 50 millions de dollars. Des agrandissements sont réalisés à l’usine de la 2e avenue jusqu’à ce que le carnet de commande exige la construction d’un nouveau bâtiment. Ne pouvant poursuivre la croissance sur un terrain utilisée au maximum, il choisit d’établir sa deuxième usine dans le parc industriel, qui profite dès lors de ce qui demeure l’un des plus beaux fleurons de la diversité économique au plan local. En 2000, de nouvelles méthodes de travail sont instaurées à l’aide d’équipements informatisés, ce qui permet une diminution des coûts de fabrication de 23 % à 7 %. En 2007, 250 employés travaillent dans les deux usines et si le contexte économique est moins reluisant depuis, particulièrement dans le domaine manufacturier, Portes Lemieux maintient 180 emplois sur les bases du temps partagé, demeurant l’une des rares entreprises du secteur manufacturier à réaliser des profits, bien qu’ils aient diminuer à cause du contexte actuel.
Usant d’une approche zen qu’il a assimilé au fil de ses voyages, Bernard Gervais base sa philosophie et ses actions sur l’intégrité et le respect. « Chaque personne a d’immenses possibilités en soi, mais la vie fait en sorte que nous ne sommes pas tous pareils. J’ai appris qu’il faut croire en soi et je vois les gens, peu importe ce qu’ils sont, à partir de l’énorme potentiel qui est là en chacun de nous. Ce qui compte, c’est d’être authentique et d’avoir à cœur de faire de bons gestes autant pour les autres que pour soi-même. La richesse n’a pas de limite, mais je crois qu’il faut s’attacher à des valeurs réelles et avoir conscience de tout ce que nous avons sans devoir se limiter uniquement à l’atteinte d’un statut matériel.Si je suis plus favorisé que la moyenne des gens au plan financier, je n’oublie jamais que la réussite dans mes actions reposent sur le travail et l’effort des personnes qui travaillent pour moi. Mais pour cela, il faut aimer et considérer le monde qui t’entoure. »
Avec derrière lui presque trois décennies d’accomplissements au plan des affaires, Bernard Gervais peut se consacrer au projet de construire son chalet familial dans l’environnement du lac Brompton. Avec ses quatre associés qui assureront éventuellement une reléve bien arrimée, Bertrand Gervais entreprendra ensuite une nouvelle étape d’investissements qu’il prépare déjà avec le goût de relever un autre défi.
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