X
Rechercher
Publicité

Covid-19 et la confiance : les leçons d’Ebola

durée 20 avril 2020 | 04h00

Tandis que le coronavirus poursuit sa progression à travers le monde, il est déjà possible de tirer quelques leçons de l’épidémie d’Ebola quant à l’importance de la confiance du public.

Les chercheurs américains derrière une récente étude ont examiné la réponse communautaire en Sierra Leone, l’un des pays les plus fortement touchés par l’épidémie d’Ebola en 2014. Un faible niveau de confiance peut en effet être dévastateur en cas d’épidémie et entrainer une contagion communautaire plus forte.

Menée dans 254 cliniques de santé gouvernementale pour un territoire de près d’un million de personnes – 15% de la population de la Sierra Leone – l’étude s’est penchée sur deux actions distinctes : des réunions d’information pour le public au sein de ces cliniques, nourries d’échanges sur les préoccupations envers la maladie et sa propagation, puis un programme incitatif visant le personnel des cliniques pour améliorer la qualité des soins.

La première mesure visait à transformer les patients en « agents de responsabilisation de leur santé » ce qui a abouti à une augmentation du taux de dépistage et à un confinement plus efficace, sanctionnés par 30% moins de décès dans les zones où ces interventions étaient en place.

Les chercheurs soutiennent qu’il importe de dresser des ponts entre les soignants et les communautés qu’ils visitent, car cela permet de renforcer les messages de santé publique transmis à la population. L’implication du public dans les décisions de santé rend les communautés plus proactives dans la lutte sanitaire et augmente en retour la résilience des systèmes de santé.

Ce que l’expérience de l’Afrique peut apporter s’avère précieux pense également l’anthropologue Paul Richards, de l’Université Njala de Sierra Leone et auteur de l’ouvrage Ebola: How a People's Science Helped End an Epidemic (2016).

Le nom d’Ebola dans la langue mende était « bonda wote » ou « retournement de famille », une maladie qui obligeait les familles à changer leurs comportements de façon importante, en particulier dans la façon dont elles s’occupaient des malades.

De la même façon, la Covid-19 requiert des changements de la part de la population, pense l’anthropologue, spécialement pour protéger les plus âgés, qu'ils soient malades ou non. 

Et les Sierraléonais ont montré beaucoup d’inventivité face à Ebola, en organisant localement des mesures de quarantaine – utilisées lors de la guerre civile de 1991-2002 - avec les moyens du bord, en privilégiant les centres locaux de soin et de dépistage.

Ce qu’Ebola peut enseigner sur la quarantaine dans les pays occidentaux s’avère toutefois plus compliqué, comme l’a montré une récente poursuite contre l’État américain du Connecticut, qui avait imposé une quarantaine forcée à huit personnes en 2014, à la suite du retour de deux étudiants de l’Universté Yale et d’un immigrant du Libéria, où sévissait Ebola. 

Les recommandations du Centre américain de contrôle des maladies (CDC) étaient alors un simple suivi personnel (self monitoring) durant la période d’incubation de 21 jours, et pas de quarantaine. C’est la raison pour laquelle la décision du Connecticut avait été contestée en Cour. La poursuite a été rejetée une première fois en 2017 puis amenée en appel. On attend toujours le jugement. 

Des millions de résidents de plusieurs États américains ont été ces dernières semaines placés en confinement, moins contraignant que la quarantaine. Mais l’application de ces mesures vient avec son lot de confusion et d’incompréhension pour de nombreux citoyens. Et il y a un siècle, avec les épidémies de choléra et de maladies infantiles, les quarantaines étaient plus courantes: cette perte temporaire de liberté de mouvement était donc mieux acceptée.

Lorsque le message ne passe pas, le niveau de confiance de la population décroit, ce qui entraine un manque de suivi du confinement ou des règles d’hygiène, avec tous les risques de propagation de la maladie que cela implique. 

 

Source : Agence Science-Presse – (www.sciencepresse.qc.ca)

commentairesCommentaires

0

Pour partagez votre opinion vous devez être connecté.

RECOMMANDÉS POUR VOUS


9 décembre 2024 | 4h00

Un second piéton perd la vie à Val-des-Sources en moins d’un mois

Val-des-Sources — Un tragique accident est survenu en début de soirée le vendredi 29 novembre dernier à Val-des-Sources, alors qu’une dame s’est fait happer par une voiture sur la 1re avenue, non loin de l’intersection de la rue Deslandes.  La victime, âgée de 80 ans et résidente de Val-des-Sources fut transportée d’urgence au Centre Hospitalier ...

8 décembre 2024 | 4h00

Perturbations à prévoir sur la route 249

Windsor — Des travaux prévoyant l’installation de feux de circulation à l’intersection de la route 249 et de la rue Maurice-Bachand ont débuté lundi dans le secteur du Quartier du Moulin. Dans ce secteur, sur la 249, on constate une circulation routière élevée de 12 000 véhicules par jour. Aucun trottoir n’est accessible actuellement à cet ...

27 novembre 2024 | 4h00

Les rumeurs sur la venue d’un Dollarama à Windsor sont-elles fondées ?

Windsor — Bien des consommateurs souhaitent l’implantation d’un Dollarama à Windsor. Depuis le développement du quartier du Moulin, à l’entrée du parc industriel de la 55, des rumeurs dans ce sens se font de plus en plus persistantes.  Cependant, le promoteur du quartier du Moulin et la direction de Dollarama refusent pour l’instant de confirmer ...