Canton de Cleveland — Le conseil municipal du Canton de Cleveland sonne l’alarme sur l’utilisation de « fumier humain » comme fertilisant dans les champs agricoles du Québec.
« Ce sujet préoccupe les membres du conseil municipal et les citoyens. C’est le cas aussi de plusieurs municipalités du Québec qui sont de plus en plus conscientes des enjeux entourant le stockage et d’épandage de matière résiduelle fertilisante (MRF) sur leur territoire. Le conseil municipal de Cleveland croit que c’est essentiel pour les générations futures d’éviter la contamination des terres agricoles et nos sources d’eau potable », a souligné Herman Herbers, maire du Canton de Cleveland, lors d’une conférence de presse.
Les membres du conseil du Canton de Cleveland réitèrent leur demande de moratoire sur l’épandage des boues municipales tant qu’une « véritable » consultation publique n’aura pas été organisée.
« Nous n’aimerions pas nous réveiller dans 15 ou 20 ans et découvrir que les terres du Québec sont rendues contaminées ; nous dire que nous savions et que nous n’avons rien fait. Ces matières comportent des qualités agronomiques, mais nous pensons que la somme des avantages ne vaut pas pour l’instant la somme des inconvénients », de dire Martin Lessard, directeur général du Canton de Cleveland, en ajoutant qu’il existe des enjeux de santé publique liés au recyclage des bios solides humains sur les terres agricoles.
Les membres du conseil municipal ont déposé un mémoire dans le cadre de la consultation publique du ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs cet été, du 24 juillet au 7 septembre, portant sur le projet de code de gestion des matières résiduelles fertilisantes proposé par le gouvernement du Québec.
Manque de transparence
Selon lui, il plane un voile sur cette industrie. « Il y a un manque de transparence flagrant des acteurs liés à cette filière. Pourquoi tenir une consultation publique en plein été au moment où les organisations sont au ralenti en raison des vacances ? Si on voulait organiser une consultation publique pour que personne ne s’en aperçoive, il fallait la faire exactement dans les dates qui ont été suggérées, en pleine saison estivale », déplore le directeur général du Canton de Cleveland.
Il s’insurge contre le fait que le projet de code de gestion des matières résiduelles fertilisantes propose par ailleurs plusieurs allégements pour soustraire les promoteurs à l’obligation d’informer le public. « Il faudrait faire absolument le contraire », soutient M. Lessard.
Il dénonce aussi le conflit d’intérêts dans lequel se retrouvent certains agronomes. « Rien n’empêche un agronome d’être à l’emploi d’un promoteur de boues et de signer des plans agronomiques permettant de déterminer les quantités à épandre et la localisation des MRF sur les terres. Il s’agit d’une situation de conflit d’intérêt évident. Personne ne parle des nombreuses plaintes en déontologie à l’Ordre des agronomes du Québec et des sanctions dérisoires pour les contrevenants à l’emploi de certaines organisations qui font la promotion des boues », mentionne-t-il.
M. Lessard ne peut concevoir que le ministère se propose par ailleurs de lever l’interdiction d’importer des boues des États-Unis.