Par Jean-Marc Brais, Initiative de journalisme local. Val-Ouest
À plusieurs reprises, Pascal Robidas aurait pu abandonner le journalisme, que ce soit à cause des compressions budgétaires dans les salles de nouvelles ces dernières années ou de la méfiance envers les médias ces derniers mois. Or, cela fait maintenant quinze ans qu’on peut apercevoir le Richmondais livrer de l’information à l’écran.
« Ça a été un parcours du combattant. J’ai connu les lock-outs au Journal de Montréal et au Journal de Québec. J’ai connu la fermeture du service de nouvelles de TQS, ce qui m’a amené à Radio-Canada. Le Journal de Sherbrooke a fini par fermer aussi. Donc il est arrivé plusieurs choses dans ma vie qui auraient pu faire en sorte que je fasse autre chose. De réaliser que, après tant d’années et tant d’embûches, je suis encore là, je suis soulagé et fier. »
Si, aujourd’hui, les médias québécois se portent mieux, une frange de la population leur préfère des sources d’information alternatives. « On est dans une époque paradoxale où ceux qui ont une confiance érodée envers les médias s’expriment très fort. En même temps, je sens quand même que le public a besoin de nous. » On n’a qu’à penser au travail des journalistes qui couvrent actuellement le conflit en Ukraine.
Les débuts en région
Malgré ces écueils, le besoin de livrer une information de qualité l’emporte dans le cœur du reporter. L’intérêt est là depuis longtemps. « À l’école secondaire, on avait un journal étudiant qu’on écrivait à la main. C’était très archaïque comme façon de faire. On allait à la photocopieuse du secrétariat. On pouvait faire 20 copies maximum puis on mettait ça dans les casiers des professeurs », se remémore Pascal Robidas.
Sa première expérience professionnelle dans un média, il l’obtient au Journal de Sherbrooke. « C’était un journal qui mettait l’accent sur l’actualité sherbrookoise et du Centre-du-Québec. Ça m’a permis de rencontrer des gens super intéressants partout en région et qui méritaient d’être connus. »
« Souvent, on voit ça de manière péjorative, les régions, mais je suis vraiment fier de venir des régions. […] Il y a un esprit communautaire qu’on retrouve pas à Montréal. » Beaucoup de membres de sa famille adoptive sont d’ailleurs toujours établis à Richmond.
Du côté de sa mère Bernier, « les partys de Noël se faisaient dans le sous-sol de l’église Sainte-Bibiane. » La maison du père Robidas était située à côté du pont Frédérick-Coburn. « La maison était entre la rivière Saint-François et la voie ferrée, près du centre-ville sur la Principale. J’ai encore le souvenir de quand on y allait. J’étais petit puis il me montrait où il avait grandi. »
L’effet domino de Macao
Le bungalow familial de la 10e Avenue des Robidas-Bernier aura été le premier lieu de souvenirs pour Pascal, à la suite de son adoption. En grandissant, il s’intéresse peu à ses origines. « C’était des eaux dormantes. J’étais dans ma bulle québécoise. Je menais mon petit quotidien. […] J’avais mis ça de côté volontairement. »
Bien que journaliste, il ne saurait répondre aux Qui, Quoi, Où, Quand et Comment de sa propre existence. « C’est de devenir papa qui m’a allumé sur l’intérêt de chercher mes racines. » C’est à ce moment que l’émission Deuxième Chance arrive « comme une bénédiction du ciel. »
L’équipe se rend en Chine, dans la région de Macao, où elle retrace la mère biologique de Pascal. Depuis ce temps, mère et fils sont en contact régulier. Diffusée en janvier 2017, l’émission incite une autre Québécoise d’adoption à entamer des démarches de recherche.
Elle aussi originaire de Macao, Jouhainna Lebel accorde une entrevue à La Tribune. La contacte alors Paul-André Brissette, qui a un parcours presqu’identique et qui vit dans la même ville qu’elle. Les deux se rendent finalement compte qu’ils sont frère et sœur. Leur histoire fera le tour des médias au printemps 2017.