Richmond —Le Centre d’art de Richmond a été fondé en 1982 afin d’offrir une vie nouvelle à l’ancien couvent Mont Saint-Patrice, édifice datant de 1884. Parce qu’elle l’a vécue de très près, Jeannette Comeau relate les grandes lignes de cette aventure qui a mené, il y a 40 ans, à la création du Centre d’art de Richmond.

Le Couvent Mont Saint-Patrice était une école primaire et appartenait aux Sœurs de la Congrégation de Notre-Dame. La commission scolaire a décidé, en 1981, de ne plus louer l’édifice et de transférer les élèves dans d’autres locaux. 

Plusieurs personnes se sont alors battues pour empêcher ce déménagement. La bataille était presque perdue. « Pire, nous avons appris que les religieuses comptaient démolir l’édifice, car sans un locataire pour assumer les coûts de chauffage et d’entretien, il ne leur était pas possible de le garder », raconte Mme Comeau, fondatrice et présidente de 1982 à 2003.

Sa mère, Liliane Comeau, était furieuse. Elle a alors soulevé l’idée de mettre sur pied une école de musique. « Pendant que les religieuses vidaient leur couvent, nous, on s’organisait », mentionne Jeannette Comeau. 

Comité 

Un comité provisoire a été formé. En avril 1982, il était prêt à déposer la demande d’incorporation au nom de Les amis de la musique de Richmond. Mme Comeau y a été nommée présidente.

« On était prêt à démarrer. Mais il y avait encore certains détails à régler. Parlons des pianos. Il y en avait 13, situés tout autour de la salle. Ma mère a décidé qu’il fallait les acheter tous et n’a pas hésité à prêter l’argent pour les acheter. Parlons du chauffage. Le bilan présenté par les religieuses montrait que le chauffage à lui seul coûtait 24 000 $ par année. On n’avait pas cet argent-là », se souvient la présidente du comité, en ajoutant que l’ingéniosité et le travail auront permis de régler ce dernier problème.

Tout est en place, mais la maison mère de Sherbrooke ne leur a pas encore donné la permission d’utiliser les lieux. « Les religieuses restées à Richmond voulaient tellement que ça marche que, en cachette, elles nous ont prêté la clé », de dire Mme Comeau.

« Le couvent était loué pour un an pour 1 $, le temps que l’on fasse nos preuves. Il a fallu convaincre les religieuses que nous avions la capacité d’entretenir l’édifice et d’en faire quelque chose de bien. Après d’autres négociations menées par Louis Cloutier, les contrats d’achat seront finalement signés le 7 octobre 1983 pour la somme de 5000 $. »

Cours de musique

Les cours de musique ont commencé en lion. À sa première année d’existence, l’école avait 78 élèves en piano, en violon, en guitare, en instruments à vent, en chant choral et en éveil musical.

« Il a cependant fallu beaucoup de courage aux professeurs pour travailler dans de telles conditions. Pas de secrétaire, pas de téléphone, un chauffage au minimum au premier niveau, une grande bâtisse vide et froide. Les premiers professeurs, Francine Beaubien, Marie Lampron, Ann Clark, Jocelyne Cloutier, Julie Miller s’en souviennent certainement », affirme Mme Comeau, précisant que cette situation précaire a duré pas moins de cinq ans. 

Spectacles 

Au début, il n’était pas évident d’offrir des spectacles dans les locaux, car la salle n’était pas aménagée : pas de rideaux, une scène trop petite, pas de système de son ni d’éclairage et seulement de petites chaises de bois pour les spectateurs.

C’est pourquoi jusqu’en 1988 la majorité des spectacles ont été offerts à l’église Sainte-Bibiane et au Richmond Regional High School.

Après avoir obtenu une subvention du ministère de la Culture, la salle de spectacle a été inaugurée en février 1989.

« J’étais toute jeune à l’époque. Rien ne me préparait à cette aventure. Nous ne partions de rien ; il nous a fallu tout essayer, tout structurer, tout organiser : les cours, la comptabilité, les salaires des professeurs, les communiqués, les spectacles, les activités de financement, la recherche de subventions », se souvient celle qui a aussi été directrice générale de Centre d’art de Richmond de 2003 à 2011.

« Je dois avouer qu’à cette époque, je passais plus de temps au Centre d’art que dans mon propre commerce. Mais il y avait toute une équipe de bénévoles autour de moi qui voulait que ça fonctionne », avoue-t-elle.

Un peu plus tard, le Centre d’art réussit à obtenir des subventions récurrentes de la Ville de Richmond, du ministère de la Culture et des Communications pour l’école de musique et la salle de spectacle ; des travaux importants ont été réalisés en 1989. « On a enfin les reins assez solides pour engager une permanence », se réjouit Mme Comeau. 

« C’est maintenant toute une jeune équipe, professionnelle et motivée, qui profite de l’expérience des anciens et reprend le flambeau, tant à la direction, du côté de l’équipe de professeurs, que sur le conseil d’administration. Je suis rassurée sur l’avenir du Centre d’art de Richmond », de conclure Jeannette Comeau, actuellement membre du conseil d’administration.