Québec — Le Regroupement des organismes de bassins versants du Québec (ROBVQ) est heureux d’annoncer l’octroi d’une subvention de 93 000 $ à l’Association pour la protection du lac Brompton dans le cadre du Programme Affluents Maritime pour la réalisation du projet « Lutte contre la propagation du myriophylle à épis dans le bassin versant de la rivière Saint-François ». Débuté au mois de février 2020, ce projet d’une valeur de 155 000 $ s’échelonnera jusqu’en octobre prochain.

« Le marais et plusieurs baies du lac sont envahis par le myriophylle à épis, une espèce aquatique exotique envahissante. Celui-ci, coupé par les embarcations surtout, se déplace de l’amont vers l’aval du lac Brompton et se propage dans toutes les baies et dans la rivière au Saumon située dans le bassin versant de la rivière St-François. Pour diminuer cette propagation, l’Association pour la protection du lac Brompton va étendre des toiles de jute sur les herbiers de forte densité de myriophylle à épis et procéder à de l’arrachage manuel afin de nettoyer chaque site à 100 % », explique Denis Mercier, président de l’Association pour la protection du lac Brompton. « Il est prévu, à l’aide de cette subvention, de traiter une superficie de 25 800 mètres carrés par l’installation de toiles de jute », poursuit-il.

« En contrôlant le myriophylle à épis à la source, l’Association pour la protection du lac Brompton va contribuer à assurer la pérennité des ressources halieutiques du lac dans le bassin versant de la rivière Saint-François », affirme Antoine Verville, directeur du ROBVQ. « À elle seule, la rivière Saint-François apporte plus de 16 millions de mètres cubes d’eau par jour dans le Saint-Laurent », poursuit-il. « Le lac Brompton contribue sensiblement à cet apport d’eau. Il est de notre responsabilité collective de permettre un déversement d’eaux saines vers l’aval. C’est pourquoi le Programme Affluents Maritime appuie ce projet », conclut-il.

Une technique de lutte contre le myriophylle à épis déjà éprouvée

À l’heure actuelle, l’installation de toiles de jute est la technique connue la plus efficace pour contrôler cette espèce. En recouvrant les herbiers d’une toile de jute, les plants sont rabattus au fond du lac et meurent. Le bâchage est complété par de l’arrachage manuel avec aspiriophylle, un aspirateur sous-marin, afin d’éliminer le myriophylle à épis dans les pourtours des sites. Ce contrôle de l’espèce permet de réduire considérablement sa propagation, non seulement dans le lac, mais aussi dans la rivière au Saumon et dans d’autres lacs de la région. Les fragments de myriophylle à épis dispersés par les embarcations constituent autant de boutures qui colonisent d’autres sites. Par ailleurs, les expériences menées depuis cinq ans par le Regroupementdes Associations Pour la Protection de l’Environnement des Lacs et des bassins versants (RAPPEL) au lac O’Malley et par l’Agence du bassin versant des 7 montrent que les superficies bâchées seront recolonisées par des espèces indigènes.

Le myriophylle à épis : une menace importante pour la biodiversité...

Le myriophylle à épis crée des herbiers de grandes superficies et de forte densité qui altèrent grandement la qualité des habitats aquatiques, particulièrement dans le marais et les baies du lac. Ces baies constituent pourtant des lieux de reproduction essentiels pour la survie de différentes espèces - dont la perchaude et le brochet maillé, une espèce susceptible d’être désignée menacée ou vulnérable - et les alevins y trouvent abri et nourriture.

Le marais, officiellement reconnu comme une « aire de concentration d’oiseaux aquatiques », protège aussi une importante biodiversité, soit 42 espèces végétales, cinq espèces de poissons, 11 espèces d’amphibiens, dont la grenouille des marais, également classée comme susceptible d’être menacée, et quatre espèces de reptiles. Enfin, il abrite aussi un site de ponte pour les tortues.

... et pour l’économie.

Par ailleurs, les baies envahies empêchent toute utilisation du plan d’eau. Baignade et pratiques de sports nautiques sont impossibles. C’est pourquoi les riverains s’impliquent aussi dans le projet, d’autant que les propriétés perdent de leur valeur foncière, entrainant une baisse marquée des revenus municipaux. La vocation récréotouristique de l’Estrie en souffre énormément. D’ailleurs, le projet, inclusif et multipartenarial, est soutenu par trois municipalités : Orford, Racine et Saint-Denis-de-Brompton.