On ne jette pas les billets de banque à la poubelle, pourquoi le faire avec les aliments
Comme souvent les vendredis, après avoir fait les courses pour la semaine et trouvé l’épicerie une fois de plus, plus chère, j’ai fait le ménage de mon frigo avant de ranger à l’intérieur mes derniers achats.
J’ai jeté tout ce qui n’était plus bon, sorti dehors avec mon contenant plein de déchets pour les mettre dans le bac brun de la municipalité. Bien sûr, j’étais content de participer à ce mouvement pour le compostage. J’ouvris donc le couvercle de ce bac, il était plein lui aussi. Mais ce jour-là, ce que je vis dedans n’était pas des déchets organiques, mais mon argent !
J’avais jeté une partie de mon salaire directement à la poubelle ! Pour toutes sortes de raisons, dont ma surconsommation d’achat d’aliments, ma mauvaise gestion de l’épicerie, ma mauvaise gestion des restes, mon manque de planification des menus, mon absence de courage à cuisiner et toutes les autres raisons qui nous amènent à jeter. Je l’ai déjà écrit : « j’ai été un gaspilleur ».
Pourtant, j’étais un chef cuisinier qui faisait attention au gaspillage dans mes cuisines, mais pas chez moi. Cordonnier mal chaussé vous me direz ! Non pas vraiment, je n’avais pas d’excuse sinon ma négligence.
Cette négligence à un prix, elle coûte très cher à notre société. En effet, 50 milliards sont gaspillés par année au Canada uniquement pour le gaspillage alimentaire et 17 milliards par les familles. Il s’agit de la troisième source de pollution sur quatre-vingts au monde, juste après la Chine et les États-Unis. Cela se résume à 47 % de la facture que l’on paye pour cela.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, c’est dans nos maisons qu’une grande partie du gaspillage alimentaire se produit et non forcement dans les épiceries. Ces commerces ont fait récemment des efforts pour réduire leurs pertes. Je l’ai constaté avant la COVID-19 en faisant le tour de toutes les épiceries de notre MRC qui vendent des aliments. Toutes réduisent d’une façon ou d’une autre leur gaspillage alimentaire.
Changer mes habitudes ne fut pas forcément difficile. C’est dans la constance que réside la réelle difficulté. Comme tout changement, il faut se laisser le temps. Il faut se laisser le temps d’absorber cette nouvelle façon de voir notre rapport à l’aliment, de mettre de côté certaines appréhensions, comme le fait d’avoir un frigo parfois moins rempli.
Il y a des rechutes, des semaines qui changent tout ; et mon énergie à y penser aussi. Mais depuis un an maintenant, suivant les semaines, j’ai réduit mes pertes de plus de moitié. Mon portefeuille se porte mieux et ce sentiment de faire quelque chose pour l’avenir n’est pas négligeable sur mon moral. Je continue de penser qu’avec une prise de conscience individuelle par chacun dans notre coin, on arrivera peut-être collectivement à préserver nos ressources.
Fait intéressant à savoir, à partir des rapports de caractérisation des matières résiduelles du secteur résidentiel à Montréal, après la mise en place du ramassage des déchets organiques, les résidus alimentaires entre 2010 et 2012 ont augmenté de 8 %. Le même pourcentage que l’augmentation des revenus de ces mêmes années. Je vous laisse la conclusion de ses données, qui en disent long, à mon sens.
C’est dans le but de contrer le gaspillage alimentaire résidentiel que j’ai conçu, un outil, un aide-mémoire, un rappel, une fiche d’information, qu’importe le nom, un document destiné à être posé sur votre frigo pour vous sensibiliser et vous aider à trouver, comme il est écrit, les raisons qui nous poussent à jeter nos aliments d’une part et d’autre part, à adopter des pistes de solution.
Ce travail est un condensé de données, d’informations. Si j’ai voulu que ce soit avant tout un document papier, c’est qu’en le voyant une seule fois, il pourra être vite oublié, mais ce que l’on voit tous les jours l’est moins.
L’objectif n’est pas de devenir un dieu de l’anti-gaspillage, mais de le diminuer, pour notre bien-être et l’avenir.
Ce document est maintenant disponible sur la page Facebook du Centre d’action bénévole Valcourt et Région où vous pouvez le consulter, l’imprimer et le poser sur votre frigo. Vous pouvez aussi vous le procurer avec les aimants intégrés dans différents points de notre MRC. Ce document est avant tout la base d’un projet pédagogique destiné aux écoles qui devrait voir le jour en début d’année 2021. Pour cela, une demande de contribution à un projet pilote a été faite. Celui-ci sera réalisé dans la semaine du 15 au 19 février avec la participation de l’École primaire de Bonsecours et l’École primaire de Richmond. L’activité servira à tester le concept, tout en rassemblant de l’information sous forme de petits sondages pour le développement du futur du projet. L’éducation est une base pour le futur, c’est écrit dans le premier rapport de L’ONU sur le gaspillage alimentaire en 2011.
Texte de :Jean-Daniel Mary, chargé de projet en sécurité alimentaire
Centres d’action bénévole Valcourt et Région, Windsor et Les Tabliers en folie
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