MONTRÉAL — Les zones urbaines dans lesquelles on retrouve plus d'espaces verts sont associées à de meilleurs comportements pour la santé de la part des enfants, rappelle une nouvelle étude européenne.
Il en va de même pour les zones urbaines qui comptent une densité plus élevée d'édifices et d'installations, une plus faible densité de population, et où on ne retrouve pas de grandes artères.
Les enfants qui habitent dans un tel environnement sont plus susceptibles d'être actifs physiquement, de consacrer moins de temps aux activités sédentaires, de dormir plus longtemps et de se rendre à l'école à pied ou en vélo, ont constaté les chercheurs de l'Institut de Barcelone pour la santé globale, qui est appuyé par la fondation «la Caixa».
«Ça fait longtemps qu'on sait que des environnements favorables c'est bon pour la santé, que ce soit avec des espaces verts ou des espaces sécuritaires où les enfants peuvent jouer, se déplacer, où ils peuvent être des enfants», a commenté la docteure Claudel Pétrin-Desrosiers, qui préside l'Association québécoise des médecins pour l'environnement.
«Mais là, de l'avoir étudié dans des cohortes européennes sur différents pays sur plusieurs années... Je pense que ça ajoute un poids supplémentaire à l'argumentaire que l'environnement urbain est peut-être encore plus important qu'on pensait pour la santé des tout-petits.»
De telles études, poursuit-elle, devraient inciter «les décideurs politiques à accorder un peu plus d'intérêt à l'aménagement des milieux de vie pour donner la chance à tout le monde, incluant dans les quartiers les plus économiquement défavorisés, de grandir en santé».
Les auteurs de l'étude se sont intéressés à 1581 enfants âgés de 6 à 11 ans provenant de six cohortes européennes. Ils ont ensuite évalué leur exposition à 32 caractéristiques environnementales, près de chez eux ou près de l'école, comme la densité de la circulation sur la route la plus proche ou encore la proximité d'espaces verts ou bleus.
Les chercheurs ont constaté que le recours au transport actif augmentait, et que le temps consacré aux activités sédentaires diminuait, là où les enfants étaient exposés à davantage d'espaces verts. De plus, la proximité d'une grande artère retranchait tout près de cinq minutes par nuit, en moyenne, au temps de sommeil des enfants.
Près des deux tiers des enfants incorporés dans cette étude n'effectuaient pas au moins 60 minutes d'activité physique modérée ou vigoureuse par jour, comme cela est recommandé par l'Organisation mondiale de la santé. Près de 60 % d'entre eux consacraient au moins deux heures par jour à un écran.
«L'aménagement urbain favorable permet de répondre à plusieurs enjeux de santé pressants qui touchent les enfants, notamment le fait que beaucoup sont sédentaires, qu'on bouge souvent peu en ce moment, a souligné la docteure Pétrin-Desrosiers. Mais le fait d'avoir des environnements favorables, ça nous permet d'avoir des enfants qui sont plus actifs. C'est bon pour la santé à court, moyen et long terme.»
Le principal déterminant de la santé d'un individu, ajoute-t-elle, n'est pas l'accès à un médecin de famille ou au système de santé, mais plutôt l'environnement dans lequel il existe et qui est responsable d'environ 70 % de sa santé.
De telles études viennent démontrer que, pour une population d'enfants, il est possible d'agir très concrètement dans l'aménagement de nos milieux de vie et de nos communautés, à l'extérieur de ce qu'on peut faire dans le réseau de la santé, pour contribuer à la bonne santé et pour mettre en place des piliers sains, a-t-elle dit.
Il faut aussi cesser de croire qu'un «contact avec la nature» est nécessairement une randonnée de trois jours dans les Rocheuses. Quand on offre aux enfants un accès au sport communautaire, quand on implante des pistes cyclables protégées ou des trottoirs assez larges, quand on propose des parcs attrayants, l'impact ne tarde pas à se faire sentir, a dit la docteure Pétrin-Desrosiers.
«On l'a vu avec les ruelles vertes, a-t-elle conclu. Les parents se sentent beaucoup plus en sécurité d'envoyer leur enfant jouer dehors parce que le risque d'accident avec une automobile est nettement réduit. Les gens vont prendre les bonnes décisions si on leur offre l'opportunité de le faire, et ça inclut d'avoir accès dans sa communauté, dans son quartier, à des espaces verts de qualité.»
Les cohortes d'enfants étudiées provenaient du Royaume-Uni, de la France, d'Espagne, de la Lituanie, de la Norvège et de la Grèce.
Les conclusions de cette étude ont été publiées par le journal scientifique Environment International.
Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne