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Covid-19 : le vaccin sera lucratif pour les compagnies ? Plutôt faux

durée 6 juillet 2020 | 04h00

Alors que les efforts pour développer un vaccin contre la COVID-19 se multiplient à travers le monde, certains militants antivaccins ressortent l’argument selon lequel il s’agit d’une affaire lucrative pour les compagnies pharmaceutiques. Bien qu’il soit impossible d’évaluer pour l’instant ce que coûterait et ce que rapporterait un hypothétique vaccin, le Détecteur de rumeurs rappelle que la course aux vaccins, quels qu’ils soient, est très coûteuse.

Ça coûte cher

Peu importe l’opinion qu’on a des compagnies pharmaceutiques, la fabrication des vaccins, avec ses coûts élevés et ses résultats incertains, n’est pas des plus profitables. À tel point que plusieurs vaccins prometteurs ont été abandonnés dans les dernières années ou retardés considérablement — comme celui contre l’Ebola — faute d’un marché rentable.

On compterait même de moins en moins de fabricants de vaccins dans le monde, à cause des coûts de développement. En 2016, la Coalition for Epidemic Preparedness Innovations (CEPI) a été mise sur pied pour stimuler, financer et coordonner le développement de vaccins contre les épidémies, dans le but d’éviter que l’absence de marchés lucratifs ne freine le développement de vaccins.

Il est vrai que certains vaccins comme Shingrix, celui contre le zona produit par Glaxo, ou Prevnar, le vaccin contre la pneumonie fabriqué par Pfizer, ont généré des revenus record ces dernières années. Par ailleurs, vacciner chaque année la population contre la grippe reste plus avantageux que de créer une nouvelle génération de vaccins qui serait efficace plus longtemps. Mais en général, les vaccins ne sont pas une entreprise très lucrative.

Il y a de nombreuses étapes

Une étude parue dans The Lancet en 2018 s’est attardée à estimer le coût de développement d’un vaccin. De la découverte à l’homologation, il peut s’écouler plus d’une décennie, et l’entreprise peut coûter des milliards de dollars… avec un risque d’échec de 94 %. Fabriquer un vaccin est beaucoup plus compliqué qu’un médicament, lequel peut se faire dans des usines automatisées, et demande souvent de produire une seule molécule. Les coûts incluent la recherche et le développement, mais aussi les essais cliniques, l’obtention des brevets et la production des vaccins proprement dite.

Les coûts pour les essais cliniques sont par exemple plus élevés pour les vaccins : comme ceux-ci sont administrés à des personnes en santé, à titre préventif, plutôt qu’à des patients déjà malades, les protocoles d’essais sont beaucoup plus prudents, dans le but d’éviter que les effets secondaires du vaccin ne soient plus grands que ceux de la maladie. Ainsi, plusieurs études sur des milliers de participants doivent être effectuées avant son approbation.

De nouvelles infrastructures pour cette fabrication pourraient aussi être nécessaires. À elles seules, ces dernières peuvent coûter entre 50 et 700 millions $. C’est qu’en général, chaque produit (ou famille d’un même produit) requiert sa propre équipe de production et son usine. Dans le cas de la Covid, tout dépendant du type de vaccin qui fonctionnera le mieux et en raison de l’urgence, certaines usines existantes pourraient les fabriquer.

Le développement d’un vaccin peut être si long que l’épidémie a le temps de s’essouffler avant qu’un candidat soit prêt, comme dans le cas de l’épidémie du SRAS en 2003.

Goutte d’eau dans les revenus des compagnies

Selon l’Institut IQVIA, une compagnie qui offre des services de soutien aux entreprises et aux particuliers en santé, le marché global des vaccins s’élevait à environ 54 milliards de dollars américains en 2019. Ça semble beaucoup, mais c’est une goutte d’eau dans l’ensemble des revenus générés par l’industrie pharmaceutique dans le monde, qui étaient d’environ 1200 milliards de dollars américains en 2018 (projetés à 1500 milliards pour 2023).

Pour l’industrie, d’autres catégories de médicaments sont beaucoup plus payantes, entre autres parce qu’un vaccin a le désavantage (comme un antibiotique) d’être utilisé sur une courte période de temps ou quelques fois dans une vie. En comparaison, les médicaments contre les maladies du cœur ou les maladies chroniques doivent être pris sur une base quotidienne pendant plusieurs années. Le Lipitor, une statine utilisée pour réduire le cholestérol, rapporte à Pfizer plusieurs milliards de dollars par année depuis 20 ans. En 2018 seulement, le Humiro, un médicament contre l’arthrite, mais également utilisé pour traiter une variété de maladies, a rapporté 19 milliards de dollars à la compagnie américaine AbbVie. Les 15 médicaments les plus vendus dans le monde auraient généré à eux seuls plus de 115 milliards de dollars US en 2018.

Le développement de traitements de niches pour des maladies rares occupe également une place de choix dans les marchés des médicaments. Selon le rapport sur les tendances dans les prescriptions du groupe Express Scripts Canada, la consommation de certains médicaments aux coûts mirobolants (104 000 $ par année pour des gouttes pour les yeux, thérapies géniques à 1 million de dollars par année, etc.) est en hausse.

 

Source : 

Catherine Couturier – Le Détecteur de rumeurs

Agence Science-Presse (www.sciencepresse.qc.ca)

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