Notre OTJ (ou colonie de vacances) aura 80 ans en juillet 2023. Le projet de développement annoncé au cours des derniers jours laisse craindre que ce terrain que nous chérissons tous ne passe aux mains d’un promoteur privé. 

Nostalgie… L’OTJ, c’est pour plusieurs d’entre nous le premier contact avec des jeunes de notre groupe d’âge autres que les voisins immédiats. L’OTJ, ce sont des journées de rires, de jeux, de baignade, les sangsues (qui ne se souvient pas des sangsues !) de vie en groupe, le bon vieux casse-croûte avec son Pepsi, ses popsicles à l’orange, ses petits gâteaux Vachon, etc. L’OTJ, ce sont les pique-niques en famille les soirs de semaine ou les week-ends, la célèbre fusée, les démonstrations de nos corps de tambours et clairons, les feux d’artifice ; c’était même une première expérience de travail pour les moniteurs et monitrices. C’était un endroit tellement rassembleur et attirant, toutes les activités d’importance s’y tenaient, on ne se posait même pas la question. Que s’est-il vraiment passé pour en arriver là ? Comment ne pas être bouleversés devant une telle annonce ? Évidemment, tout projet de développement peut être positif pour une collectivité, mais pourquoi à cet endroit où notre sentiment d’appartenance demeure tellement fort ? Qui de ceux qui vivent maintenant à l’extérieur n’y sont pas retournés au moins une fois lors d’une visite à Windsor ? 

L’OTJ de Windsor a longtemps été considérée comme étant la plus active en région, devançant même celle de Sherbrooke dont les activités étaient tenues au Lac des Nations, si populaire et si fréquenté aujourd’hui. On disait d’elle en 1967 qu’elle était d’une façon enviable connue à plusieurs dizaines de milles à la ronde, voire dans tous les Cantons de l’Est.

Revenons aux origines de ce terrain. L’Oeuvre des Terrains de Jeux a été fondée en 1943, sur le terrain appelé « au Rocher ». Le site était loin de la ville et plusieurs craignaient de laisser aller leurs enfants dans la forêt. On changera de terrain en 1947. On obtint un lopin de terre de la Canada Paper et c’est à ce moment qu’a commencé la colonisation de ce que l’on a longtemps appelé la Colonie de vacances. A cette date, on continuait de défricher l’emplacement et progressivement, on réussissait à reculer les limites de l’emplacement. Le travail a été réalisé principalement sur 2 ans, à sueur d’hommes, par Georges Cloutier et Florian Labbé, tous deux étudiants à la prêtrise au Séminaire de Sherbrooke. Une plaque commémorative leur rend d’ailleurs hommage à l’entrée du site actuel. C’est le travail de ces deux prêtres, sollicités par le curé Lemay, qui nous a permis pendant tant d’années de vivre tous ces bons moments à l’OTJ. 

Souhaitons que cette transaction, dont il semble impossible de connaître actuellement les véritables enjeux, tienne compte de tout le bagage émotif et les souvenirs entourant ce lieu, à partir des bâtisseurs jusqu’à ceux qui le fréquentent encore.

   

Samuel Bisson, Daniel Bisson, Robert Gagnon et Daniel Couture pour le groupe d’opposition à la vente du parc Watopeka