Texte par Antoine Dubois
Forêt : des nuances à apporter…
Un petit mot pour apporter quelques nuances aux informations véhiculées par le syndicat des producteurs forestier du sud du Québec à plusieurs reprises dans le journal Actualités — L’Étincelle.
Le syndicat soutient 1 — qu’une forêt non aménagée peut ralentir sa croissance. Faux. La croissance des arbres repose sur la richesse du sol en humus qui se crée en bonne parite grâce à la décomposition des arbres qui meurent. Quand on récolte, on retire de la matière qui alimente le sol. Les forêts vivent actuellement grâce à un sol qui s’est créé sur des millénaires. En récoltant le bois de façon constante comme nous le faisons depuis les dernières décennies, nous épuisons progressivement les sols et nuisons ainsi à la santé de la forêt.
2— Une forêt non aménagée peu perd en valeur. Faux. Toutes les forêts laissées à elles-mêmes s’enrichissent ou enrichissent le sol, donc la vie. Les arbres deviennent de plus en plus gros avec les années et la diversité de l’écosystème s’enrichit (micro-organismes, insectes, oiseaux, animaux, etc.). Ainsi, quand les Européens sont arrivés, ils ont pu bénéficier d’énormes chênes, noyers, ormes, pins, etc. Aujourd’hui, il est très rare de trouver des arbres centenaires majestueux avec lesquels on peut faire du bois de charpente à haute valeur ajoutée. On exploite du petit bois qui ne vaut pas grand-chose. De plus, une vieille forêt permet d’avoir plusieurs sources de revenus, comme les champignons ainsi que les plantes comestibles et médicinales, plus d’animaux et de poissons pour la chasse et la pêche, sans compter un potentiel touristique amélioré.
3— Une forêt non aménagée peut devenir vulnérable aux maladies et aux grands vents. Faux. C’est le contraire. Une forêt naturelle se défend contre les maladies grâce à sa grande diversité, réduisant la prolifération d’agents pathogènes et ce sont les coupes qui laissent passer plus de vent et font en sorte que les arbres ne se protègent plus les uns les autres. Le Syndicat parle de la forêt comme d’un actif productif qui donne des revenus en conservant un milieu naturel riche. C’est malheureusement faux. Toutes les études menées par des scientifiques indépendants non engagés par des entreprises forestières, papetières ou autres démontrent le contraire. Nos forêts se portent très mal.
Il est temps d’être créatif et de regarder vers l’avenir. Donnons un peu de répit à nos forêts. Réfléchissons ensemble à une utilisation plus diversifiée axée sur nos besoins de base (se nourrir, se loger, se vêtir) et nos enfants, nous en seront très reconnaissants.
Antoine Dubois, Windsor
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