Crise majeure à la MRC du Val-Saint-François
Par Ghislain Allard
Journaliste
Richmond — La MRC du Val-Saint-François vit une crise majeure. Six maires représentant plus de 50 % de la population exigent dans la préparation du budget 2025 un gel des quotes-parts et des dépenses supplémentaires. En fait, ils demandent une réorganisation en profondeur de l’organisation et une révision complète de la planification stratégique.
Ainsi, les maires de Stoke, de Windsor, de Maricourt, de Saint-François-Xavier-de-Brompton, de Val-Joli et de Saint-Denis-de-Brompton ont déposé une résolution dans ce sens lors de la dernière séance du conseil de la MRC qui se tenait le mercredi 16 octobre dernier.
Les MRC prennent leurs décisions à la double majorité, c’est-à-dire en tenant compte du nombre de voix et de la population. Ainsi, la proposition, même si 12 maires s’y opposaient, aurait dû être adoptée.
Le préfet de la MRC du Val-Saint-François, Pierre Tétreault, a toutefois décidé d’imposer son droit de véto, repoussant ainsi le sujet à la prochaine séance du conseil, soit le 27 novembre prochain.
« J’ai mis mon droit de véto parce que ce n’est pas une façon de faire. Il s’agit de six municipalités se regroupant pour imposer leur façon de faire. D’un point de vue légal, ils ont le droit de le faire. Mais, d’un point de vue politique, c’est du tordage de bras. C’est un groupe qui décide de gérer la MRC et d’imposer sa vision. À l’exception d’une municipalité (Maricourt), ce sont toutes des municipalités du même secteur », a souligné le préfet, au lendemain de cette soirée mouvementée.
La mairesse de Windsor, Sylvie Bureau, croit que le préfet a usé de son droit de véto en appui indirect à ceux qui s’opposent à la résolution. « Il a annulé une proposition défendue par la majorité. Cette décision du préfet divise encore plus le conseil de la MRC », de dire la mairesse de Windsor.
En guise de protestation, 11 des 12 maires opposés à la proposition ont alors quitté temporairement la salle des délibérations de façon bien orchestrée. La mairesse de Kingbury, Amélie Tremblay, a décidé de demeurer tout en indiquant son opposition à la résolution.
Selon la résolution, ce « gel administratif » doit être appliqué dès maintenant à tous nouveaux projets, services et quotes-parts jusqu’à nouvel ordre. Les proposeurs considèrent que l’année 2025 doit être une année de transition permettant à l’administration de revoir ses priorités et de se réorganiser.
« La planification stratégique n’a pas été élaborée avec les maires. Nous avons eu droit à une consultation publique plus qu’à une planification stratégique. On n’a pas eu notre mot à dire dans ce processus. Il faut mettre sur pause pour voir où on s’en va et pour voir ce que sont les priorités de la MRC », a soutenu Sylvie Bureau, mairesse de Windsor.
L’an dernier, quatre municipalités avaient voté contre l’adoption du budget de la MRC.
« Ce n’est pas d’hier qu’il y a un malaise à la MRC du Val-Saint-François. C’est peut-être Saint-Denis qui a raison en voulant se séparer pour se joindre à Memphrémagog. En fait, à cinq municipalités, nous pourrions facilement nous regrouper pour former une MRC », d’avancer Mme Bureau.
D’ailleurs, lors de sa dernière séance, le 7 octobre dernier, la municipalité de Saint-Denis-de-Brompton a mandaté la firme Raymond Chabot Grant Thornton pour analyser les impacts d’un changement de MRC.
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