Quand une BD fait toute la différence…
Par Ghislain Allard
Journaliste
Windsor - Les élèves de la classe de Danielle Viau, enseignante au Centre d’éducation des adultes des Sommets à Windsor, ne s’ennuient surtout pas. Ils viennent de mettre un terme à deux projets qui leur a permis de mieux vivre pendant la pandémie.
Les élèves handicapés de sa classe ont mis sur pied une coopérative, la coop Jardi-serre, en 2007. Pendant toutes ces années, ces élèves ont appris à développer leurs compétences en horticulture et en entrepreneuriat.
Le 17 juin dernier, les élèves de la coop Jardi-serre ont souligné l’aboutissement d’un projet de transformation de la culture de fleurs comestibles qu’ils ont réalisé dans la serre.
Avant la pandémie, un voyage en Équateur était prévu. La Covid a ralenti le projet de la coopérative et le voyage a dû être reporté en 2023. L’enseignante a donc décidé de mettre en de l’avant un autre projet, axé cette fois sur la bande dessinée.
D’ailleurs, les responsables du projet ont de plus dévoilé la dernière bande dessinée d’une série de sept chroniques dans lesquelles les élèves racontent leurs expériences avec la coop Jardi-serre.
Ces élèves ont une déficience intellectuelle légère, moyenne, ou un trouble du spectre de l’autisme. Pour plusieurs de ces élèves, la problématique vécue est en comorbidité avec d’autres catégories diagnostiques, dont la paralysie cérébrale, des troubles de l’humeur, et de déficit d’attention.
Inspirés par leurs expériences vécues au quotidien avec leur projet entrepreneurial coop Jardi-serre, les élèves ont appris à prendre des photos, à les transformer en croquis BD en utilisant une application numérique, à mieux communiquer en équipe, à développer leurs capacités de lecture, à enrichir leur vocabulaire, à mieux structurer leurs idées dans le but de raconter une histoire.
« La création d’une bande dessinée a été un projet d’envergure qui a nécessité plusieurs étapes de travail en passant par la conception d’un storyboard, les échanges pour créer des dialogues, les réécritures et le travail avec des collaborateurs. Cette expérience a favorisé que les élèves apprennent à persévérer, à s’encourager, à gérer leur stress, à découper les tâches en étape, à évaluer et apprécier leurs progrès », soutient Mme Viau.
C’est en fait un entraînement pour bien se préparer au milieu du travail. « C’est un contexte de travail adapté. Mais, il faut être en mesure de travailler en équipe, de coopérer, de discuter, de régler des conflits, d’être capable de prendre des responsabilités et des initiatives », raconte l’enseignante.
Avant la pandémie, la coop Jardi-serre permettait aux à la quarantaine d’élèves du programme de formation à l’intégration sociale (FIS) du centre d’éducation des adultes des Sommets à Windsor d’avoir un contact avec la population. « Nous vendions beaucoup de plantes maraîchères. C’était une façon de manipuler l’argent. Il y avait là un rapport avec le service à la clientèle », précise Mme Viau.
Les gens du projet ont pu compter sur l’expertise de Mélinda Wilson en matière de fleurs comestibles. D’ailleurs, elle est l’auteur d’un livre sur le sujet. Il s’agit d’un guide pratique richement illustré et facile d’accès. Des conseils sur la culture, la conservation et les vertus médicinales des fleurs comestibles.
« J’ai donné des ateliers sur les fleurs comestibles pour le projet. C’était ma première expérience avec des élèves avec certaines particularités. Ils ont été très intéressés dès le départ. Ils ont posé de bonnes questions. Personnellement, ce projet m’a apporté beaucoup. Les groupes étaient très agréables et très participatifs », termine Mme Wilson.
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