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Texte de Diego Scalzo

Estrie : repenser la région avant sa toponymie

durée 21 février 2022 | 04h00

Depuis quelques mois, le redécoupage de la région administrative de l’Estrie, avec l’ajout de deux MRC (Brome-Missisquoi et Haute-Yamaska), suscite un débat sur sa toponymie. Avant d’attribuer un nom à la région, ne serait-il pas plus judicieux de bien définir l’utilité et la raison d’être de cette entité redessinée ?

Mais qu’est-ce qu’une région ? Une région est d’abord et avant tout un espace géographique, un territoire vécu qui englobe plusieurs municipalités voire plusieurs milieux de vie (comme des MRC dans le cas du Québec). Une région a une histoire, une culture et une identité qui lui sont propres. Ses citoyens ont un sentiment d’appartenance rattaché à ses contours géographiques et ses différentes facettes sociales, culturelles, physiques ou économiques.

Une région c’est aussi un découpage administratif gouvernemental. Au Québec, c’est l’État qui organise la gouvernance de son territoire et le découpage approprié afin de livrer des services aux citoyens, notamment. Depuis toujours, les acteurs (les citoyens, les fonctionnaires, les élus, les entrepreneurs ou la société civile) qui composent les régions s’investissent dans le but de faire croître leur territoire, d’en prendre soin, de le protéger et d’en faire un endroit prospère, solidaire et même un peu plus vert.

En Estrie, comme ailleurs, les acteurs du développement ont à cœur leur région. Il y a des mobilisations qui en témoignent. Par exemple, les élus se réunissent au sein de la Table des MRC, les entrepreneurs tissent des réseaux dans différentes structures, les groupes sociaux se concertent dans de multiples regroupements et plusieurs ministères déploient leurs services et mobilisent les acteurs locaux. Cependant, force est d’admettre qu’il n’y a pas de vision d’ensemble et que le travail en silos de ces forces en présence caractérise actuellement le portrait de la région de l’Estrie. De toute évidence, il y a des défis en matière de gouvernance et de structure démocratiques dans notre région.

Cet état de la situation est attribuable, notamment, au fait qu’en 2015, le gouvernement Couillard a aboli les régions. On s’entend, l’Estrie existe toujours. Cependant, il n’y a pas d’instance gouvernementale en Estrie, il n’y a pas de décentralisation de certains pouvoirs afin de permettre aux acteurs régionaux de prendre véritablement leur destin en main, comme il se faisait auparavant avec la Conférence régionale des Élus ou le Conseil régional de développement.

Depuis 2015, le pouvoir est décentralisé vers les MRC, vers les élus municipaux et il est déconcentré vers les bureaux régionaux de quelques ministères. On se rappelle aussi que le gouvernement Couillard avait également chamboulé les structures de gouvernance locale comme les CLD, des lieux ou les acteurs locaux travaillaient ensemble et décidaient ensemble des priorités locales et régionales, de même que des actions à entreprendre pour le bien-être de la population.

En somme, avant de repenser la toponymie ou le redécoupage de l’Estrie, ne serait-il pas plus pertinent de repenser le rôle de la région, ses pouvoirs, son champ d’action et la gouvernance de ce territoire ? Plus que jamais il faut réunir les forces vives de l’Estrie, se parler et travailler ensemble, de manière démocratique, de façon transparente, pour le développement social, économique, culturel et environnemental. Ainsi, cette responsabilité de définir les régions revient à l’État québécois en collaboration avec les acteurs du milieu et des citoyens. Actuellement, on redessine et souhaite renommer l’Estrie sans trop savoir pourquoi, dans un contexte où la réforme du gouvernement Couillard a créé des silos en matière de développement territorial. Cette situation doit être corrigée afin de développer une vision concertée de notre belle région.

 

Diego Scalzo, géographe et directeur CDC du Val-Saint-François

commentairesCommentaires

1

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  • TT
    Troy Tempest
    temps Il y a 3 ans
    Diago devrait s’occuper de refaire les rues au lien d’écrire un roman fleuve qui n’intéresse personne.

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