Texte de Isabelle Doré
Des soignantes à domicile remarquables, prenons-en soin !
Dans La Presse + du mardi 5 septembre 2023, deux titres ont attiré mon attention sous l’onglet Soins à domicile : « De “la paperasse” et des déplacements. », et cet autre : « Lourdeur administrative… ». Ces deux textes, signés par Fanny Lévesque, me permettaient déjà de réaliser à quel point le temps passé auprès d’un patient n’est qu’une parcelle de ce qui incombe à nos infirmières.
Je ne peux témoigner que de l’expérience de mon conjoint, ici, près de Richmond en Estrie. Qu’est-ce qui a mené à ces soins ? Au CHUS Fleurimont, à Sherbrooke, Marc (74 ans) a subi une opération « d’un jour » qui, ayant mal tourné, l’a cloué 6 jours aux soins intensifs et 25 jours à l’hôpital, où j’ai tout fait pour nous assurer ces fameux soins à domicile laborieux à obtenir. Et pour en revenir à la qualité du travail de nos infirmières, je cherche le superlatif qui conviendrait le mieux.
Au début, elles ont dû venir à deux, Manon et Guylaine. La tâche était lourde, mais bientôt Manon a pu continuer seule. Dire qu’elle s’est bien débrouillée serait un euphémisme. Lorsqu’elle a pris deux semaines de vacances bien méritées, elle nous a bien manqué, mais cela nous a permis de constater que sa relève était digne d’elle. Josée, Caroline, Stéphanie M, Stéphanie R, Julie, Hélène, Pascal (oui, un infirmier dans un lot de neuf !), ont été des fées marraines. Et puis notre chère Manon est revenue pour ne plus nous quitter jusqu’au 6 septembre. Les visites à domicile avaient commencé le 21 juin.
Je relis donc les articles de Fanny Lévesque pour mieux comprendre tout ce que nos infirmières vivent en amont et en aval des soins prodigués au Québec. Les tâches administratives, évaluations, prise de notes, déplacements, etc., accaparent, selon La Presse +, 70 % du temps du personnel soignant. Nous ne serions donc, avec nos besoins criants, que la pointe d’un iceberg. Je ne peux pas faire le bulletin des réformes subies par le système. Je sais que l’acronyme CIUSSS m’a toujours horripilée. Je cherche toujours le nombre de S à ajouter en écrivant. Mais je sais une chose : les ratés du système n’incombent pas aux infirmières ! Elles sont incroyables de dévouement et de professionnalisme. Peut-être que les nôtres, en Estrie, passent moins de temps à se tricoter un chemin dans les chapelets de cônes orange de la métropole, mais notre Manon habite à 40 kilomètres du CLSC de Richmond et ça lui fait une bonne heure de voyagement aller-retour, sans compter les va-et-vient d’un(e) patient(e) à l’autre.
Voilà qu’à présent un front commun, dont la FIQ (Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec) fait partie, marche droit vers la grève. Or le Conseil du trésor leur fait une offre incohérente. Sa présidente nous dit : « J’ai la responsabilité que chaque dollar
issu des poches des contribuables soit maximisé. » Sauf votre respect, madame, cette maximisation existe déjà, elle se trouve dans le passé qui, lui, est garant de l’avenir. Nos soins infirmiers sont historiquement remarquables. Et le 500 $ que votre chef m’a envoyé personnellement, comme à tous, je suis bien prête à le rembourser !
Jamais je n’oublierai Manon et ses collègues. Sans leurs soins, on ne s’en serait pas aussi bien sortis et je souhaite courage et détermination à la FIQ et au Front commun, nous sommes derrière vous.
Isabelle Doré, autrice et aidante naturelle
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